Les origines et l’histoire de la Vuelta
La Vuelta a España, née en 1935, trouve ses racines dans le désir d’un journal madrilène de rivaliser avec le Tour de France et le Giro d’Italia. Ce grand tour espagnol débute comme un pari éditorial, organisé par le quotidien Informaciones, porté par Juan Pujol et le journaliste sportif Clémente López-Dóriga. Dès la première édition, la course révèle son caractère exigeant : près de 3 425 km parcourus en 14 étapes, des routes souvent difficiles, des conditions climatiques rudes et des coureurs isolés face à l’adversité.
Les débuts héroïques (1935–1936)
La première Vuelta s’élance le 29 avril 1935 depuis Madrid. 50 coureurs s’y affrontent, et seuls 29 terminent. Le Belge Gustaaf Deloor s’impose avec panache après avoir conservé le maillot orange durant toute l’épreuve. Ce duel avec le local Mariano Cañardo façonne dès le début l’esprit de la course : endurance, audace et affrontements épiques. Le succès éditorial est immédiat, l’événement gagne en prestige malgré un contexte politique instable.
Dates | 29 avril – 15 mai 1935 |
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Étapes | 14 |
Distance totale | 3 425 km |
Participants | 50 départs, 29 arrivées |
Vainqueur | Gustaaf Deloor (BEL) |
Mauvais temps | pluie, froid |
Période troublée : guerre et interruption (1937–1954)
La guerre civile espagnole interrompt la course dès 1937, avec quelques éditions isolées en 1941 et 1942. Ce retour partiel ne suffit pas à stabiliser l’épreuve, déjà fragilisée par la Seconde Guerre mondiale, les difficultés économiques et le manque de soutien. Seules quatre éditions sont organisées entre 1945 et 1950, sous l’impulsion du journal Ya, mais la Vuelta peine à retrouver son rythme régulier. Le palmarès reste dominé par des coureurs espagnols, reflet de la situation géopolitique et logistique de l’époque.
Renaissance et professionnalisation (1955–1970)
En 1955, le journal basque El Correo Español / El Pueblo Vasco reprend la main. La course renaît sous un nouvel élan : davantage d’étapes, plus de participants (jusqu’à deux fois plus qu’en 1950), et un peloton élargi avec des coureurs italiens, français, allemands et belges. La Vuelta s’impose désormais comme la troisième grande boucle, régulièrement disputée en avril-mai. Les premiers vainqueurs étrangers prestigieux apparaissent : Jean Dotto, Jacques Anquetil, Felice Gimondi.
Année | Coureur | Nationalité |
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1955 | Jean Dotto | FRA |
1956 | Angelo Conterno | ITA |
1963 | Jacques Anquetil | FRA |
1968 | Felice Gimondi | ITA |
Consolidation et image internationale (1970–1995)
Les années 1970 et 1980 voient la Vuelta accueillir des figures majeures telles qu’Eddy Merckx, Luis Ocaña ou Bernard Hinault. En 1979, Unipublic devient l’organisateur principal, initiant une ère de professionnalisation. La diffusion télévisée et médiatique se développe fortement, renforçant la visibilité internationale de l’épreuve. Les cols mythiques comme les lacs de Covadonga (introduits en 1983) deviennent des symboles et durcissent le parcours.
Le maillot rouge et évolution du statut (1995–aujourd’hui)
En 1995, la Vuelta change de dates : elle passe à fin août-début septembre pour éviter le Giro. Dès lors, le statut de préparation aux championnats du monde ou aux classiques d’automne se renforce. Le maillot de leader prend progressivement la couleur rouge (introduit en 2010), contrairement au jaune précédemment utilisé. L’organisation intègre le calendrier UCI World Tour et, depuis 2014, bénéficie du soutien de l’Amaury Sport Organisation, ce qui intensifie sa portée globale.
Période | Couleur |
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1935–1936 | orange |
1941, 1945 | blanc |
1955–1998 | jaune |
1999–2009 | or |
2010–aujourd’hui | rouge |
Un grand tour moderne et complet
Aujourd’hui, la Vuelta se présente comme un grand tour complet : montées brutales (Angliru, Covadonga), étapes contre-la-montre, sprints massifs. Elle attire les meilleurs coureurs mondiaux et cultive une identité propre, mélange de défi, flamboyance et passion territoriale. Chaque édition renouvelle l’histoire en mêlant stratégie, spectacle et dramaturgie.
En près de 90 années d’existence, interrompues seulement par les crises politiques et économiques, la Vuelta est devenue une course mythique. Son parcours sinueux, ses cols redoutables et son maillot rouge symbolisent l’âme du cyclisme espagnol. Plus qu’un défi sportif, c’est une aventure humaine et culturelle qui continue de captiver un public fidèle et international. Ce riche héritage fait de la Vuelta un miroir vibrant de l’histoire de l’Espagne, une épopée sur deux roues inscrite dans la légende.
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